Sciences Comportementales et Cognitives
Dans ce court historique, vous trouverez les éléments de compréhension qui vous permettront de savoir d’où viennent les interventions que nous utilisons couramment dans l’accompagnement. Vous comprendrez de quelle façon les sciences comportementales (behavorisme) ont donné naissance à l’approche réputée que l’on connaît aujourd’hui sous le nom d’Analyse Appliquée du Comportement( ABA) et également, quelles Thérapies Cognitives et Comportementales en découlent (TCC).
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Dès 1873, Ivan Mikhaïlovitch Setchenov (1829-1905), un neurologue et physiologiste russe, écrit dans son ouvrage sur la psychologie qu’elle « doit être étudiée avec les méthodes objectives de la physiologie ». Cette citation anodine symbolise en réalité les prémices des pratiques fondées sur la preuve (EBP), permettant aux praticiens d’aujourd’hui de fonder leur prise de décision clinique sur les données les plus probantes qu’ils auront recueillies, dans un désir d’objectivité.
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Plus tard, en 1889, Ivan Pavlov (1849-1936), médecin et physiologiste russe, s’inspire de la rigueur des travaux de Setchenov pour théoriser le Conditionnement Répondant. Il découvre les lois fondamentales qui régissent l’acquisition et la perte de réflexes comportementaux conditionnés. Pavlov démontre ainsi dans son expérience la plus célèbre que l’association d’un stimulus neutre (son de cloche) à un stimulus inconditionné (nourriture) produisant l’apparition d’une réponse inconditionnée (salivation du chien) permet après quelques répétitions au son de cloche (stimulus conditionné), de déclencher automatiquement la salivation du chien (réponse conditionnée).
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Tandis que Pavlov focalise son étude sur le stimulus antécédent (qui précède le comportement), Edward Lee Thorndike, avec sa loi de l’effet en 1911, découvre qu’un comportement a plus de probabilité de se reproduire s’il est suivi d’une conséquence satisfaisante et qu’au contraire, il a plus de probabilité de s’éteindre s’il est suivi d’une conséquence désagréable. De même il conclut que plus il y a d’essais, plus une réponse comportementale a une grande probabilité de se produire.
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En 1913, John Broadus Watson, célèbre psychologue américain, décrit dans un article surnommé « le manifeste behavioriste » la psychologie comme « une étude purement objective, expérimentale et ainsi une branche des sciences naturelles » ; son objectif étant « la prédiction et le contrôle du comportement ».
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Ensuite, en 1938, Burrhus Frederic Skinner, élu comme le plus éminent psychologue du 20ème siècle, théorise le conditionnement opérant (TCC 1ère vague). Selon le type de conséquence (renforcement positif / négatif, punition positive /négative, extinction) le comportement aura plus ou moins de probabilité de réapparaître. Enfin, en 1957, il publie « Verbal Behavior », ouvrage dans lequel il théorise la communication comme un comportement au sein duquel il décline plusieurs niveaux qu’il nomme « opérants verbaux ». C’est à partir de cet ouvrage que naît le courant de l’ABA-VB, développé, plus tard, par Mark L. Sundberg et Jim Partington (créateurs de l’ABLLS et du VB-Mapp).
Les méthodes basées sur l’Analyse Appliquée du Comportement ont pour objectif : le maintien de comportements socialement et fonctionnellement adaptés; l’enseignement de stratégies psycho-éducatives et l’utilisation d’outils de compensation pour apprendre de nouveaux comportement; la diminution de comportements inappropriés voire, l’extinction de comportements dangereux pour la santé et la sécurité.
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De façon concomitante, Joseph Wolpe (1915-1997), psychiatre américain comportementaliste, révolutionne la psychothérapie en y appliquant les principes des théories comportementales. Dans le traitement de l’anxiété, des phobies et des troubles panique, l’intervention la plus répandue devient l’exposition aux situations anxiogènes.
A partir de cette théorie comportementale de base, Albert Bandura (1952-2011), néobéhavioriste, va ajouter une dimension sociale cognitive : les transactions individu – comportement – environnement sont vecteurs d’apprentissage et de motivation. Les pensées influencent les comportements et en retour les émotions jouent sur les pensées.
Dans cette démarche de changement, les processus cognitifs automatiques doivent être identifiés et les processus conscients peuvent être modifiés. Les croyances et pensées dysfonctionnelles peuvent être analysées (grâce à l’analyse fonctionnelle), intégrées et remplacées par d’autres cognitions plus adaptées et efficaces en situation. Albert Ellis (1962) et Aaron Beck (1979) proposent respectivement la thérapie rationnelle-émotive et la thérapie cognitive comme modèle thérapeutique des TCC de 2nde vague. La restructuration cognitive constitue ainsi la méthode thérapeutique privilégiée pour entamer une démarche de résolution de problème.
Enfin, les TCC de la 3ème vague, développées à partir des années 1990, mettent l’emphase sur la compréhension des aspects émotionnels en lien avec les cognitions, l’acceptation de ces dernières dans le but d’élargir le répertoire comportemental de réponse (Steven Hayes, 1999). Le changement ne s’opère plus sur le comportement ou la cognition de façon directe mais plutôt sur la relation que la personne entretient avec ses cognitions et les émotions qu’elles provoquent. Les thérapies d’acceptation et de compassion favorisent l’adoption de stratégies contextuelles pour permettre une gestion adaptée du vécu expérientiel.